Ce qui nous rend si attachants et magnifiques (et parfois, malheureusement, méchants et maléfiques) ; ce qui fait de la compagnie de nos semblables un trésor passionnant et inépuisable, c’est cette polyvalence, cette versatilité, pour reprendre le mot anglais, qui me semble moins connoté de mécanique et de chimie que le terme français, plus aérien, plus juste
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Ceux qui ne voient, ceux qui veulent ne voir, dans les foules demandant la paix pour Gaza, que des assassins en puissance ou des complices des assassins ; ceux qui, dans les mains brandies par les manifestants, ne veulent voir que celles peintes en rouge, et précisément celles d’entre elles qui le seraient pour de mauvaises raisons, ceux-là se voilent la face et apportent leur pierre à la lourdeur, à la pesanteur des choses.
Vaguemestre, garde-champêtre : tout cela a, peut-être à tort, le son un peu vieillot, le son d’accordéon d’un monde un peu plus doux.
Nous sommes les membres de cette espèce qui vit dans ses mots et ses rêves, qui vit plus dans ses mots et ses rêves qu’elle ne vit dans le monde physique, dans le monde des choses et des êtres.
Quand les oiseaux chantent, que les hirondelles filent en tous sens, que les fleurs partout sont répandues sur l’herbe des prairies, que les papillons, les abeilles et les bourdons si gros, si poilus, si indifférents, si mignons, volètent d’un coeur à l’autre ; quand la splendeur du printemps éclate tellement qu’on en est ébahi, il n’y a que la joie, la joie dont on se laisse envahir, qui soit à la hauteur de la la beauté du monde.
Si mes mots, à quelques-uns, peut-être à quelques-unes, rappellent quelque chose, si à ces souvenirs un souvenir se noue, se noue de plus profond, de plus puissant que nos inimitiés, tout n’aura pas été vain dans le rappel de ce matin d’été, de la saveur du sel sur les lèvres baisées.
Il y en a quelques-uns, je le sais, je m’en souviens parfois,
Mais ils ne sont pas si nombreux, Les plaisirs plus grands que celui que procure,
Par une fraîche et ensoleillée matinée de printemps,
Une randonnée parmi les arbres et les herbes fleuries,
Sous un ciel lavé par la pluie.
On éprouve un grand plaisir à voir s’élever, au loin, la blancheur des montagnes, comme à voir s’y étendre, en d’autres lieux, le bleu ou le gris de la mer.
Ce que je veux dire, c’est que, même s’ils n’ont pas que des qualités, j’aime bien celles et ceux qui veulent avoir l’air, parce qu’ils veulent cela de ne pas être totalement pétrifiés, totalement à l’aise, totalement collés à leur masque, à leur rôle.